Fake smiling? I'm a professional at that [Liberty & Charline]

Liberty ne s’était toujours pas réellement remise de sa rencontre avec Hayley Bennett. Il y a quelque chose qui l’ennuyait, quelque chose qui ne collait pas. Elle ne comprenait toujours pas exactement pourquoi la Luciole était venue la voir. Les deux femmes avaient été très honnêtes et Liberty venait clairement de se faire une nouvelle ennemie. Puissante, qui plus est. Ce n’était peut-être pas une très bonne nouvelle, mais tant pis, elle vivrait avec. Enfin elle l’espérait. Elle espérait vraiment qu’elle ne venait pas de signer son arrêt de mort. Mais Liberty était persuadée que sa haute position au tribunal suffirait à sauver sa peau. Certes, la rencontre avec Hayley Bennett remontait à quelques jours. Mais Liberty n’avait pas cessé d’y penser depuis lors. Et elle avait beau être convaincue qu’elle n’avait rien à craindre, elle n’était quand même très rassurée quand elle se promenait seule le soir. Ce qui ne lui ressemblait pas du tout. Elle n’aimait pas ça. Liberty était une femme qui contrôlait toujours tout dans les moindres détails. Elle était maître de son destin, maître de ses émotions. Alors comment quelques minutes passées en compagnie d’Hayley Bennett avaient pu la mettre dans cet état ? Comment tout cela pouvait rester dans sa tête jour et nuit ? Pourquoi était-elle tracassée ? La juge n’arrivait pas répondre à toutes ces questions et elle ne comprenait pas pourquoi. D’ailleurs, c’était clair, elle était beaucoup moins attentive que d’habitude lors des procès. Mais elle restait quand même professionnelle malgré tout, bien sûr. Elle était extrêmement douée pour faire la part entre le privé et le professionnel. Extrêmement douée pour remettre les meilleurs jugements, même lorsqu’elle n’allait pas bien. C’était simple, elle n’avait jamais raté un seul jour de travail. Pas même après avoir perdu son mari. Parce que son travail, c’était sa bulle d’oxygène. Et qu’elle en avait besoin plus que tout. Liberty avait aussi et surtout réfléchi à obtenir des réponses dans le courant de ces derniers jours. Mais elle n’était arrivée à rien. Et ça aussi, c’était quelque chose qu’elle détestait. Chercher les infos, alors qu’elle ne savait pas où, qu’elle n’avait aucune prise sur rien ni sur personne. Donc oui, Liberty était plutôt énervée en ce moment parce que tout ça l’ennuyait au plus haut point. Le fait de ne pas contrôler la mettait hors d’elle. Encore plus que ne pas avoir de réponse à ses questions. En plus de tout ça, elle n’arrivait même pas à imaginer des pistes de solution. Elle était coincée, totalement bloquée. Jouer de ses charmes, d’accord, mais auprès de qui ? Qui pouvait l’aider ?
La juge prit une nouvelle gorgée de sa tasse de café, elle s’apprêtait à se rendre dans la salle d’audience pour une nouvelle affaire. Elle connaissait son dossier, mais elle n’avait pas encore pris de décision. Elle attendait d’entendre les plaidoiries pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Il faudrait donc qu’elle soit plutôt attentive. Elle pouvait y arriver, elle en était sûre. Armée de sa tasse dans la main droite et de ses dossiers dans la main gauche, elle se dirigeait vers la salle numéro trois en passant par les couloirs de service, ceux auxquels seuls les membres du personnel pouvaient accéder. Elle s’obligea à respirer un grand coup avant de tourner le coin… et de percuter une jeune femme blonde. Les dossiers de Liberty glissèrent de ses mains et son café suivit le même chemin en prenant soin de se renverser sur sa toge et sur une partie des dossiers. Il ne manquait plus que ça ! Elle releva la tête, et toisa froidement l’inconnue dans les yeux. « Mais enfin, vous ne savez pas faire attention ? » Elle se baissa pour ramasser ses dossiers et surtout éponger le café que les feuilles étaient en train d’absorber. « J’ai une audience dans dix minutes, je vais devoir aller me changer et m’arranger pour que ces dossiers ressemblent à quelque chose de convenable. Vous ne savez pas tout ce que c’est l’administratif ici ! Monsieur Stenson ne va pas apprécier que je rende des dossiers dans cet état. » Liberty n’avait pas pris la peine de se présenter. Elle n’en avait que faire de cette inconnue. « Et puis que faites-vous ici déjà ? Ces couloirs sont réservés au personnel et je ne pense pas vous avoir déjà vue dans les environs. Je devrais peut-être appeler la sécurité. » Liberty connaissait tous les avocats et tous les juges de ce tribunal, mais elle n’avait jamais vu cette jeune blonde dans les parages. Alors qui était-elle ?