We're as blind as we want to be [Archie & Hayley & Charline]

Charline et moi avions trouvé notre rythme de croisière, si je pouvais appeler ça comme ça.
Ça faisait presque deux semaines qu’elle travaillait avec moi, enfin pour moi et même si j’éprouvais toujours autant d’attirance pour elle, voire plus, j’avais réussi à mettre mes sentiments de côté la plupart du temps et en tout cas, on parvenait à collaborer efficacement. Elle avait maintenant son propre bureau mais on passait quand même pas mal de temps dans le mien. D’ailleurs, ici, on était tous les deux dans mon bureau en train de travailler en silence sur les dossiers. Le soleil n’allait pas tarder à se coucher mais on travaillait souvent pendant les soirées et j’avais pris l’habitude d’apporter à manger ou de commander des trucs à emporter. En réalité, je n’avais plus été aussi heureux depuis qu’elle était entrée dans ma vie. C’était un réel petit rayon de soleil et elle me donnait encore plus de raisons de passer du temps au travail. Hayley et Kate avaient voulu que j’engage une assistante personnelle pour passer moins de temps au bureau sauf que c’est le contraire qui se produisait… Pas sûr qu’elles devaient être ravies. Dommage, j’avais pourtant suivi leur conseil. Il m’avait fallu du temps, mais j’avais fini par accepter. Et d’ailleurs, qu’est-ce que j’avais bien fait. Sinon, je n’aurais jamais rencontré Charline. Elle aussi semblait de plus en plus à l’aise en ma présence. Elle devait probablement commencer à me voir comme un simple patron « pas comme tout le monde » et non plus comme un des puissants dirigeants d’Esperanza. En tout cas, c’est ce que j’espérais. Non, ce que j’espérais, c’est qu’elle me voit comme plus que ça. Mais il ne fallait pas rêver. J’étais son patron. Juste son patron. J’étais en train de la regarder travailler. Elle avait l’air super concentré sur son dossier, elle ne remarquait pas que je l’observais attentivement. Tout me faisait craquer. Lorsqu’elle remontait ses lunettes sur son nez, lorsqu’elle plissait le front, lorsqu’elle fronçait les sourcils. Petit à petit, je lui donnais toujours plus de responsabilités. J’étais maintenant persuadé que je pouvais lui faire confiance et je ne me sentais pas du tout jugé avec elle. Je n’aurais pas pu rêver de meilleure assistante. En plus, elle était toujours super attentive à ce dont j’avais besoin. « Tout pour vous servir », comme elle le disait si bien. Impossible de lui résister lorsqu’elle prononçait cette phrase. Elle releva les yeux et remarqua que j’étais en train de la fixer. Je m’apprêtais à dire quelque chose pour me justifier ou faire semblant que j’avais une bonne raison d’essayer de capter son regard au moment où j’entendis quelqu’un toquer. Sauvé par le gong. J’étais tellement occupé à observer Charline que je n’avais vu personne passer devant les baies vitrées qui servaient de mur entre le couloir et mon bureau. C’était bizarre que quelqu’un vienne aussi tard. Et surtout sans que la secrétaire ne l’annonce. Je me levai pour ouvrir la porte… qui s’ouvrit toute seule. Encore plus bizarre vu que les gens attendaient toujours une confirmation avant d’oser rentrer. « Hayley ! Quelle bonne surprise ! Quel bon vent t’amène ici ? » Je lui souris, vraiment content de la voir et lui fit la bise avant de me rasseoir. « Je te présente Charline, mon assistante personnelle dont je t’ai brièvement parlé. » Je ne lui avais vraiment pas dit grand-chose, ce qui ne me ressemblait pas. Je n’arrivais même pas moi-même à organiser mes pensées et à savoir ce que je pensais, je n’avais donc pas voulu en parler à Kate ni à Hayley qui ne savaient aucune des deux ce que je ressentais ou ce que je pensais ressentir pour Charline plutôt. Je devais d'abord réussir à savoir ce que je voulais au fond de moi. Tout ce qu’elles savaient, c’est que j’avais fini par engager Charline mais que malgré ça, je passais encore plus de temps au bureau. Bref, quasi rien… Je me tournai vers Charline en lui adressant un grand sourire « Charline, je présume que je ne dois pas te présenter ma fabuleuse Hayley » avant de m’adresser de nouveau à ma meilleure amie « Tout va bien ? Ca fait longtemps que tu n’étais plus passée au bureau ! Pas de mauvaise nouvelles j'espère? » L’inquiétude avait rapidement pris le dessus car Hayley ne venait vraiment que très rarement et je me demandais s’il était arrivé quelque chose.

Ce n’était jamais bon signe quand Hayley entrait d’un air aussi énervé, je le savais. Mais j’avais aussi tout de suite remarqué qu’elle avait changé d’attitude en rentrant. Elle ne s’attendait pas à voir Charline ici. Ou alors elle ne s’attendait à ce que Charline soit… Charline, peu importe ce que ça signifiait. Je ne pris pas la peine de répondre tout de suite à sa première question, elle y avait probablement répondu elle-même en voyant mon assistante, elle était subtile. Je souris en entendant la façon dont ma meilleure amie m’avait décrit. Elle avait raison sur toute la ligne. « Il faut bien que quelqu’un veille sur toi, même si tu prétends pouvoir le faire toute seule. Les femmes sont plus obstinées les unes que les autres. » Je repensai au premier jour de Charlie lorsque je lui avais proposé de rentrer avec Shado et qu’elle avait directement refusé. Je redevins sérieux lorsque j’entendis Charline demander si elle devait nous laisser tous les deux. Pourquoi nous laisserait-elle tous les deux ? Si Hayley avait voulu me confier quelque chose, elle l’aurait fait à la maison, non ? Mais je n’étais pas à la maison. Et à l’entendre, elle avait quand même quelque chose de confidentiel à dire. Pas d’hésitation de toute façon. Si elle était du genre à ne pas savoir tenir sa langue, je l'aurais déjà su, elle avait fait ses preuves et elle savait se taire, je n'avais aucun doute là-dessus. Je me tournai d’abord vers mon assistante et lui dit sur un ton ferme, plus que je ne l’aurais voulu « Reste, Charline. Ce qui se passe dans mon bureau te concerne également» avant de m’adresser, déterminé, à Hayley en tentant d’éviter son regard « Hales, on peut lui faire confiance. Tout ce qui se passe ici ne quittera pas mon bureau. Charline sait ce que signifie secret professionnel, crois-moi. » Je n’avais pas envie de la regarder parce que je savais qu’elle allait comprendre que j’éprouvais quelque chose pour Charline. Je n’avais jamais eu besoin de lui parler pour qu’elle sache lire en moins comme dans un livre ouvert. Et puis je ne faisais pas facilement confiance, tout comme elle. Or, ici, j'étais pourtant sûr de moi. J'avais perdu le fil avec toutes ces réflexions. Archie, réfléchis, qu’est-ce que Hayley vient de te demander ? Ah oui, Liberty « Oui, je sais qu’elle est juge au tribunal, pourquoi ? Il s'est passé quelque chose? » Franchement ? J’avais rarement entendu Hayley prononcer un nom avec autant de dédain. Il devait forcément s’être passé quelque chose. Je n’avais même pas besoin qu’Hayley me dise ce qu’elle voulait, je le savais. « Charline, tu veux bien essayer de trouver son dossier dans les les tiroirs? Hales, tu veux quelque chose à boire ? J’ai tout ce que tu veux ici. Assieds-toi. Et désolé de ne pas être à l’appartement mais j’ai encore beaucoup de… euh beaucoup de travail. » J’avais inconsciemment regardé dans la direction de Charline en disant ça puis je finis par regarder ma meilleure amie dans les yeux. Elle devait avoir compris, ce n’était pas possible autrement. J’avais envie que Charline et Hayley s’entendent bien, j’avais déjà pensé des dizaines de fois à la façon dont j’allais les présenter. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit dans mon bureau à l’improviste. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit ce soir. Et je n’étais pas très très à l’aise à vrai dire, ce qui, une fois de plus, ne me ressemblait pas. L’arrivée de Charline dans ma vie m’avait totalement transformé, je ne pouvais pas prétendre le contraire. D’ailleurs, elle n’avait pas l’air super à l’aise, elle non plus. « Charline, je sais qu’Hayley peut paraître intimidante, mais surtout ne te laisse pas impressionner, elle ne mord pas. Ou en tout cas, pas la plupart du temps. » Je regardai Hayley avec un petit sourire en coin. Elle m’avait charrier, c’était à mon tour maintenant. « Et puis, je présume que vous ne me contredirez pas si je vous dis que j’ai l’habitude de m’entourer de femmes qui en valent la peine. » Je marquai une petite pause pour les observer toutes les deux en souriant avant de reprendre « En tout cas, je suis super content que vous vous rencontriez enfin. Et d’ailleurs Charlie, sans Hayley, je ne t’aurais probablement jamais engagée. Je ne sais pas si tu dois la remercier ou au contraire lui en vouloir d’être à la base de ma décision. » Je lui adressai encore un sourire rassurant en espérant que ça suffirait pour la mettre totalement à l’aise en la présence d’Hayley.

Bon finalement, j’avais changé d’avis, ce n'était pas une bonne idée qu'elles se rencontrent. En tout cas, je n’étais pas prêt. « Merci beaucoup pour le dossier, Charline ». Je voyais bien qu’elle était super mal à l’aise, probablement plus que moi, parce qu’elle était allée se poser près de la fenêtre. Comme lors de son premier jour. Et je ne savais pas trop quoi dire pour l’apaiser tellement je devais faire des efforts pour contrôler ce que je disais et la façon dont je la regardais. D’autant plus qu’elle ne disait pas grand-chose et ça non plus, ce n’était pas dans ses habitudes. « Tu veux bien un peu ouvrir la fenêtre s’il te plaît ? » Elle avait sûrement autant besoin d’air que moi. J’avais juste envie de courir à la fenêtre moi aussi. Je sentais le regard d’Hayley posé sur moi et je sentais qu’elle mourrait d’envie de me demander ce que c’était mon problème. À moins qu’elle ait déjà compris. Concentration, Archie. Liberty Abbington. « Attends, Haley, je ne comprends pas. 19 ans, comme Melody ? Tu veux dire que c’est… ? » Je n’avais pas envie de terminer ma phrase, elle me comprendrait. Je savais que celui qui avait brisé le cœur de ma meilleure amie il y a des années était là, je savais qu’elle avait demandé à Marcus de s’occuper du problème. Mais je ne savais pas qu’il était là avec sa femme et leur fille. Et encore moins qu’elle travaillait au tribunal, ni qu’elle était manipulatrice, vu ce qu’elle avait fait. « On ne peut pas s’occuper d’elle comme ça, Hales. Elle est respectée au tribunal et les gens poseraient trop de questions. Tu veux faire quoi ?» Qu’est-ce que Charline allait penser en entendant cette conversation ? Je n’aimais pas la violence, d’où je m’étais réfugié dans le côté administratif d’Esperanza. Mais je n’étais pas totalement innocent non plus, je savais tout ce qui se passait à la Bastille. Et je laissais faire parce que c’était nécessaire pour maintenir l’ordre dans notre belle ville. Donc je fermais les yeux. « Charline, tu n’as rien remarqué de spécial dans le dossier de Liberty? » Je ne voulais pas grand-chose, n’importe quoi pourrait servir. Ne fut-ce qu’un tout petit élément qui pourrait faire pression et la faire taire. Mais j’en doutais. Je recrutais toujours les meilleurs dans mon tribunal. Si j’avais su… « Je suis désolé, Hayley. Je ne comprends pas non plus comment on a pu passer à côté de ça. Tu es sûre que ça va ? Tu ne lui as rien dit, rassure-moi ? » Charline ne devait rien comprendre, la pauvre. J’avais envie de lui prendre la main pour l’apaiser. Et puis j’entendis Hayley lui demander d’aller chercher du thé. Pardon ? Non non, je ne voulais pas que Charline sorte. Je savais trop bien qu’Hayley ne me ménagerait pas. « Tu peux me rapporter un café aussi, s’il te plaît ? Tu sais ce que j’aime. » Je lui fis un clin d’œil tant bien que mal pour faire comme si je maîtrisais la situation. J’avais juste envie d’ajouter « Et ne traîne pas », mais je me retins évidemment. Et j’avais vu juste, dès que Charline eut fermé la porte, la question de Hayley ne se fit pas attendre. J’hésitai quelques secondes. Jouer la comédie ou répondre honnêtement. Je savais que ça ne servait à rien de mentir à Hales. Elle le verrait tout de suite. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? On ne couche pas ensemble. » Ce n’était pas un mensonge, mais c’était omettre le reste de la vérité. Je devais jouer franc-jeu, ça ne servait de lui cacher quoi que ce soit. Je pris une inspiration avant de lui déclarer du tac au tac « Je crois que je suis amoureux d’elle, Hayley. » Finalement, je me dis qu'elle aurait probablement préféré que je lui dise qu'on couchait ensemble, et rien de plus.

Heureusement, qu’elle avait ouvert la fenêtre. Je sentais déjà l’air rentrer dans la pièce. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était déjà ça. Je m’obligeais à me reconcentrer sur la discussion. Sur la juge. Et comme prédit, Charline ne trouvait rien de suspect de son dossier. Je ne savais pas quelle décision prendre pour ne pas que ça ait trop de répercussions. « Je te propose de ne rien faire pour le moment. Charline va suive ses procès pour qu’on soit certains qu’elle ne cause pas de souci. Charlie est douée, elle sait ce qu'elle fait. Si Abbington fait une erreur, tu peux être certaine que Charline la trouvera» Si on la virait, qu’on la faisait disparaître ou même qu’on la faisait changer de fonction, ça éveillerait les soupçons. Ce n’était pas un bon plan. Mais on ne pouvait pas la laisser vivre sa vie et continuer à nous discréditer aussi facilement, j’étais d’accord avec Hayley. Je repris à l’intention de Charline : « Tu sais si elle a fait des demandes ? » Personnellement, son dossier ne me disait rien mais vu que je déléguais de plus en plus, il était possible que Charlie s’en soit occupée. Je m’adressai de nouveau à Hayley « Non, Melody n’a pas à être mêlée à tout ça. Mais je m’en occupe. Vide-toi la tête et ne pense plus à elle. Et je t’en prie, ne fais pas de connerie. Si elle te déteste déjà maintenant, qu’est-ce qu’elle ferait si elle savait qui tu es réellement. Tu as déjà assez souffert à cause de cette histoire» Trop de mystères. Pauvre Charline. Hayley trouvait ça drôle de plaisanter avec le virus ; pourtant, elle savait que je n’aimais pas rire avec ça. « Tu ne fais rien du tout et surtout tu évites de croiser Abbington. » Charline n’avait pas l’habitude que je lui demande d’aller me chercher un café. En fait, elle me l’apportait toujours sans que je ne doive lui demander. Elle était tellement attentionnée.

C’est bien ce que je disais, elle aurait préféré que Charline et moi, ce soit juste du sexe. « Oui je sais bien. Mais je ne sais pas te mentir. » Elle me demandait si j’étais sûre et je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. Après avoir hésité, j’ajoutai « Oui, je suis sûr. Elle est incroyable, Hales. »  Ce que je comptais faire ? « Rien. Je ne compte rien faire. Tu l’as dit toi-même, je ne suis pas le genre de patron qui saute son assistante. Et puis en plus, elle ne me voit pas de la même façon que moi. Je suis son patron. Donc pas grand-chose à faire… » Je vis Charline revenir et je me tus.
Charline avait ramené exactement ce qu’on lui avait demandé. Elle faisait toujours tout à la perfection. Sa langue avait encore fourché, elle me faisait trop rire. « Merci Charlie. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. » Je lui lançai un grand sourire. Elle était déjà retournée se mettre devant la fenêtre. Et Hayley arrivait encore à se moquer de moi. Après sa remarque, je lui lançai un regard noir. Elle savait qu’il m’était impossible de lui en vouloir. Je voulais juste qu’elle comprenne qu’elle avait intérêt à la fermer. « Charline, tu veux bien raconter à Hayley tout ce que tu as fait avant d’arriver ici ? Tes études et tout ca.» Je voulais qu’Hayles comprenne qu’elle était digne de confiance, je voulais qu’elle l’apprécie, qu’elle se rende compte que Charlie était un atout indéniable pour moi et pour le gestion d’Esperanza en général, donc pour elle aussi. Mais ca n'allait pas être facile de la convaincre, surtout aussi rapidement.

Charline expliquait son point de vue, elle n’avait pas l’être heureuse de la tâche que je venais de lui donner. Moi, je ne comprenais quand même pas grand-chose à tous ces textes juridiques. « Je suis sûr que tu feras ça très bien, Charline. Déjà mieux que nous, ne t’inquiète pas. Je suis certain que s’il y a quelque chose de suspect, tu ne passeras pas à côté. » Je la regardais d’un air rassurant. J’avais énormément d’estime pour elle et son travail, je savais qu’elle ferait ça bien. Elle était douée et elle maîtrisait les textes de loi. Je devais aussi essayer de calmer les inquiétudes d’Hayley. « Oui, je vais aller voir Marcus. Essaye de ne plus y penser, je m’en charge. » C’était encore une façon de la protéger comme je pouvais. Elle avait déjà assez souffert par le passé avec cette histoire et la dernière fois, je n’avais pas réussi à la protéger autant que je l’aurais voulu. Cette fois, ce serait différent. « Tu peux compter sur moi. »

J’avais voulu demander à Hayley ce qu’elle entendait par là et surtout défendre mon point de vue vu qu’elle venait de sous-entendre que j’étais stupide, mais je n’en eu pas le temps de le faire avant que Charline revienne. Je me tus. J’étais déjà énervé de la tournure qu’avait pris la conversation. Et puis voilà qu’Hayley commençait à parler dès que Charline était entrée dans la pièce. Je pris une gorgée de café. Très très mauvaise idée. Quand j’entendis la fin de sa phrase, je recrachai tout dans ma tasse. Vive la discrétion. Elle n’était pas croyable. Je n’avais pas demandé qu’elle joue le rôle d’entremetteuse. Charline n’était pas bête, Charline allait comprendre et moi j’allais mourir de honte. Il fallait que Hayley se taise. Mais j’avais beau essayer de lui lancer des regards noirs, qui devaient plus ressembler à des yeux désespérés, elle continuait. Et elle souriait en plus, je savais que ça l’amusait. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? Quelle idée de travailler dans un salon. Un salon c'est fait pour autre chose. » Je m'enfonçais encore plus. Je savais très bien à quoi elle faisait référence et je voyais où elle voulait en venir mais je n’allais pas la laisser gagner aussi facilement. « C’est comme si je te disais d’aller faire tes expériences au-dessus de l’évier de ta cuisine. Tu vas encore me dire que je suis stupide bien sûr.» Je n’avais toujours pas digéré sa remarque et même si je ne pouvais pas lui en vouloir, je voulais qu’elle comprenne que ça ne m’avait pas plu. Pour ce qui était de faire des expériences dans sa cuisine, techniquement, ce n’était pas vraiment pareil parce que Charline et moi ne faisions que du travail administratif et c’était vrai que si je le faisais dans mon salon, je travaillerais aussi bien. Quoique, pas avec Charline à côté de moi. Mais admettre ça, c’était donner raison à Hayley et même si elle avait en réalité toujours raison, je n’aimais pas l’admettre. « D’ailleurs, tu es sûre que tu n’as pas du travail, Hayley ? » Je ne voulais pas qu’elle parte, je voulais simplement qu’elle comprenne qu’elle devait se taire. Mais avec elle, ce n’était pas gagné. En plus elle mettait Charlie dans l’embarras, je voyais bien que son esprit devait tourner à vive allure pour essayer de dire une réponse convenable. Probablement une réponse qui conviendrait à Hayley mais qui ne me froisserait pas. Elle devait être diplomate sur ce coup-là. J’aurais pu l’aider, c’est vrai. J’aurais pu lui dire de ne pas répondre. Mais égoïstement, je ne le fis pas. Parce qu’au fond de moi, je voulais savoir ce qu’elle allait répondre.

Non mais ce n’était pas possible. Déjà quand j’avais Hayley contre moi, j’avais du mal à m’en sortir alors si Charline s’y mettait aussi… J’étais déjà assez mal à l’aise comme ça pour qu’elle en rajoute une couche. Et puis pourquoi est-ce qu’elle me parlait de douche. J’avais l’impression d’être dans la quatrième dimension là. « Vous avez perdu la tête ou quoi ? Vous ne voulez pas non plus que j’invite Charline à passer la nuit dans mon lit au cas où j’aurais une illumination sur un des dossiers pendant la nuit ?» Franchement, je ne comprendrais jamais les femmes je crois. Entre Charline et sa douche et Hayley et son salon. Je ne savais pas qui était la pire. Elles s’étaient donné le mot pour créer le malaise je crois. Enfin j’avais surtout l’impression d’être le seul pour qui cette situation était embarrassante. Charline avait quand même repris pour moi en disant qu’elle comprenait qu’il fallait garder une distance entre vie privée et professionnelle et j’y vis encore un signe que j’avais bien raison et qu’Hayley avait tort. Charline et moi, c’était le travail et rien de plus.
Mais apparemment, Hayley avait bien l’intention de prouver une nouvelle fois qu’elle avait raison puisqu’elle continuait. « Au contraire, je suis très perspicace. Et Charline et moi sommes aussi très bien organisés. Nous formons une excellente équipe. Nous avons juste euh énormément de travail. » Oui, le travail ne manquait pas, mais c’est vrai qu’on pourrait se contenter d’horaires normaux. Sauf que j’aimais mieux passer mes soirées avec elle qu’à l’appartement. Mais je n’allais pas répondre ça. « Charline est dévouée et elle apprécie le travail tout autant que moi donc autant qu’on travaille le soir aussi. » C’était surtout elle que j’aimais. Roh, il fallait que j’arrête là parce que j’allais faire une connerie. Tout ça me dépassait. Je savais toujours me contrôler, contrôler mes pensées et peser mes mots mais quand Hayley cherchait à me provoquer, elle savait toujours comment s’y prendre. Voilà que l’interrogatoire commençait pour Charline maintenant. Mais que je devais aussi donner mon point de vue. Je n’avais pas envie de rentrer dans son jeu, je râlais. « Tu sais très bien si je veux des enfants. Je te l’ai déjà dit des dizaines de fois. Je t’ai dit oui mais si je rencontre la bonne personne et qu’elle en veut aussi. » J’étais vraiment trop bête, je marchais toujours avec elle. Je ne voulais pas lui répondre et j’avais quand même fini par le faire parce que je ne savais pas me taire. Pas avec Hayley. « De toute façon les années passent hein, je vais bientôt être trop vieux. » Et puis j’avais déjà eu Melody, ce n’était pas ma fille mais on l’avait élevée tous ensemble et je l’aimais comme tel. Je n’avais pas réellement besoin de plus. « Charline, tu veux bien sortir la bouteille de whisky s’il te plaît ? Tu sais où elle est. Servez-vous si vous en avez besoin autant que moi. Heureusement que tu ne viens pas trop souvent Hayley, je finirais alcoolique. » Elle l’avait bien cherchée celle-là. J’aurais dû me douter que ça partirait en vrille avec elle. « Ah non c’est vrai, je devrais vous inviter dans mon salon, ce sera peut-être plus confortable. » J’étais en train d’essayer de me défendre tant bien que mal mais quand les attaques venaient des deux côtés, Charline sans le vouloir et Hayley tout à fait consciente de ce qu’elle faisait, c’était compliqué. Si elles continuaient, j’étais persuadé que j’allais en voir des vertes et des pas mûres. J’espérais donc égoïstement que Hayley continuerait à poser des questions à Charline et que je ne serais plus sa cible.

Et voilà qu’Hayley recommençait. Vivement qu’on soit tous les deux et que je lui dise ma façon de penser. « Mais enfin, Hayley. Qu’est-ce que tu insinues ? Charline, est-ce que j’ai déjà eu un comportement déplacé envers toi ? » Oui, je la regardais sans cesse. Mais le plupart du temps, elle ne s’en rendait pas compte. Et le reste, je le gardais dans ma tête. Je savais faire la part des choses. Pour ce qui était de trouver cette bonne personne, comme disait Hayley, je l’avais trouvée. Mais je n’osais pas me lancer, c’est tout. J’avais toujours été comme ça. Je ne voulais pas mettre Charline mal à l’aise. Je profitais de la présence de Hayley et surtout de sa question pour continuer à me renseigner. « D’accord Charline mais imaginons si tu rencontrais l’homme de ta vie, tu ne voudrais pas avoir d’enfant avec lui ? » Après j’arrêtais. Je ne lui avais jamais posé ce genre de question personnelle et elle allait se demander quoi. Je répondis à la question d’Hayley. « Charline a 28 ans. Donc 8 ans d’écart. » Je voulus rajouter « quand on aime on ne compte pas » mais je me tus. Charlie me sortit la bouteille et me servit un verre « Bon, apparemment il n’y a que moi qui en ai besoin. Merci, Charline. Oui Hayley, j’ai besoin d’alcool après tout ce que tu m’as dit. » En fait je parlais d’Abbington, mais je parlais aussi du fait qu’Hayley prétendait que Charline était intéressée par être plus que simplement mon assistante. Et si c’était vrai ? Je n’y avais jamais pensé en réalité. Parce que pour moi, il était clair qu’elle me voyait comme son patron et rien de plus. Mais Hayley avait toujours de bonnes convictions et je pouvais toujours compter sur elle pour voir ce que les gens ne voulaient pas montrer. Oh non, voilà que Charlie voulait partir. Je n’en avais pas envie, mais vu la façon dont elle avait tourné sa phrase, je ne pouvais pas vraiment l’en empêcher. «Je ne vais pas te retenir Charline. De toute façon, Hayley et moi allons rentrer aussi. Mais tu sais que tu as toujours ta place ici, même quand on ne travaille pas. » Je n’osais jamais lui dire des choses comme ça un peu limite entre vie privée et vie professionnelle. C’était l’influence de Hayley ça. « Je te vois demain matin ? J’apporterai de quoi manger à midi, ne prévois rien, ça va ? Et fais attention à toi en rentrant, hein. Il est déjà tard. » Bon en fait on finissait souvent plus tard mais j’avais toujours ce petit pincement au cœur en la laissant rentrer toute seule. Du coup généralement, je demandais à Shado de la suivre discrètement. Mais je ne le fis pas parce que je ne voulais pas qu’Hayley soit au courant. Charline avait refermé la porte derrière elle. Je soupirai avant de m’adresser à Hayley « Tu as toujours raison, Hayley alors dis-moi, tu penses vraiment que je lui plais ? » Je ne savais plus quoi penser. Et je savais que je n’allais pas dormir beaucoup cette nuit. Entre Charline et la Abbington, j’avais de quoi réfléchir.

We're as blind as we want to be

Archie, Charline & Hayley

Charline partit, et voilà qu’Archie se mit à douter. Hayley soupire. « Je pense surtout que t’es un idiot… Comment veux-tu la séduire si tu n’arrêtes pas de crier haut et fort que tu veux garder ta vie privé séparée de ta vie professionnelle ? C’est en criant ca que tu penses l’attirer ou plutôt la repousser, dis-moi ? » Comme à son habitude Hayley prenait ses aises en posant sa tête sur le dossier tout en observant son ami. Depuis qu’elle avait commencé à faire des insinuations il avait sauté dessus pour jouer celui qui était ôtré… Il n’avait pas simplement su se taire non ?  « C alui arrive souvent de se tromper dans ses paroles ? Car pour moi elle est intelligente pour faire des phrases intelligentes… sauf quand il s’agit de te parler…. » Oui, elle avait le CV et pas besoin d’être connaisseur d’humains pour voir qu’elle était intelligente. « Tu veux bien me dire ce que tu vois en elle ? Et surtout… Qu’est-ce qui te dis qu’on peut vraiment lui faire confiance ? «  oui oui, elle était mignonne et intelligente. Mais des filles ainsi il y en avait quand même pas mal dans les rues. Alors qu’est-ce qu’il fit qu’il pensait être amoureux d’elle ?

Mais c’était surtout la deuxième question qui trottait dans la tête d’Hayley… La confiance. Archie était bel homme et avec un statut assez important. Nombreuses sont les femmes qui voudraient être à son bras rien que pour le prestige et le pouvoir. Et un homme amoureux pouvait être aveugle pour ce genre de choses. « Que tu lui plais, j’en ai aucun doute. Cela se voit sur le bout de son nez. Mais de ses réelles intentions, je n’en ai aucune idée... » Ce n’est pas en voyant une personne pour la première fois qu’on puisse connaître les intentions qui peuvent bien se cacher derrière un sourire. « Dis moi au mois que t’as déjà prit tous les renseignements nécessaires ? Avec qui elle traine, etc ? «  Même si au fond Hayley se demandait si il y avait un moyen efficace de savoir si elle était digne de confiance ou pas. Mais elle avait beau à réfléchir… elle revenait toujours au même point de départ : le risque. Quoi qu’il en soit c’est toujours un risque à prendre. Parfois on a de la chance comme elle avait eu en rencontrant Archie. Et puis parfois on se trompe et là on se retrouve avec un coeur blessé.

Codage par Emi Burton

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Ce qu’Hayley ne comprenait pas, c’est que je ne cherchais pas réellement plus avec Charline. J'en avais envie, mais j’étais persuadé que ce que je ressentais n’était pas réciproque. Finalement, si Charlie voulait plus, comme moi, est-ce que ça changeait quelque chose ? Oui probablement, parce que je ferais peut-être le premier pas. Je savais qu’elle ne le ferait jamais puisqu’elle travaillait pour moi. Elle ne se le permettrait pas. Elle était responsable et trop bien élevée. «Je ne savais pas quoi faire, Hayley. Je n’ai jamais ressenti ça pour quelqu’un. Mais j’ai fait exactement le contraire de ce que je devais hein oui… » J’étais vraiment con. En temps normal, je savais toujours quoi dire en toute situation. Mais pas avec Charline. « Bien sûr qu’elle est intelligente. Elle est juste un peu maladroite dans ses paroles. » Est-ce que ça avait réellement avoir avec moi ? Je n’avais envisagé les choses sous cet angle. Ce que je voyais en elle ? « Elle est juste parfaite, Hayley. Elle est attentionnée, intelligente, jolie, efficace, à l’écoute. Et puis surtout, elle a quelque chose d’innocent, tu vois ? C’est ça qui me permets de dire qu’on peut lui faire confiance. » Tout ça, c’était surtout basé sur mes sentiments à moi, mon intuition et j’étais persuadé que ça ne suffirait pas à Hayley. Mais pour le moment, elle devrait bien s’en contenter…
Hayley avait toutes les raisons de se méfier. J’aurais fait pareil si j’étais à sa place, j’en étais persuadé. Et je savais que je devais faire attention. Mais je n’y arrivais pas. Charline était honnête et j’avais beaucoup de mal à imaginer qu’elle cherchait à me blesser ou à nuire au gouvernement en m’utilisant. Ce n’était pas son genre. J’avais secoué la tête un peu penaud avant de répondre à Hayley. « Je n’ai jamais ouvert son dossier. Je l’ai engagée sur les conseils d’une secrétaire. Toutes les informations que je détiens sur elle, c’est elle qui me les a données. » Ca ne lui plairait pas du tout, je le savais. Mais je n’avais pas envie de fouiller dans le dossier de Charline même si c’était la chose à faire. Je voulais qu’elle me donne les informations d’elle-même et comme je lui faisais confiance, je la croyais sur toute la ligne. « Je vais le faire pour vous. C’est plus prudent. » Je n’avais pas envie. Mais je savais que c’était plus sage. Je devais prendre mes responsabilités, je ne voulais pas causer de problèmes à mes meilleurs amis. Hayley avait raison, c’était ce que je devais faire pour le bien d’Esperanza. « Je vais me renseigner et je te tiens au courant. Je te promets d’être prudent, Hales. » Et j’avais bien l’habitude de tenir mes promesses.

FIN POUR ARCHIE

THE END